mardi 5 janvier 2010

Décalé, Utopie et Réalisme

L'exercice des vœux est un art. Il peut plaire à la première lecture, il peut plaire avec du recul ou il peut aussi déplaire.

Cette année je m'appuie sur une phrase d'une personne de mon entourage pour exprimer mes souhaits : "Que tu utilises l’adjectif décalé sur ton blogue , inconsciemment cela sous-entend l'utopie". [ndlr : ce blog s'appelle "Point de Vue Décalé"]

Dans notre société, la personne est à la fois « un simple individu » dans le sens « perdu dans la masse de l’homo economicus » et « une personne ayant une pensée libre» [homo sapiens].

La personne est prise entre l’enclume de la masse et l’anonymat de la solitude associé à ses idées innovantes ou décalées. La personne doit aller au-delà du « j’ai raison », car rien de sert d’avoir raison tout seul, et au-delà de la quadrature de l’innovation qui démarre justement par une « pensée ou une idée décalée ». Au départ l’idée nouvelle est souvent considérée comme utopique.

Ainsi, l’innovateur est confronté au réalisme de l’innovation - le décalage - . Il doit faire preuve de sa « capacité de conviction ». Ce n’est qu’à ce prix qu’est transformé le « décalage » en richesse tant pour lui-même que pour la collectivité. Et là, je vous le donne en mille, il faut avoir de nombreux talents. A défaut, il faut soit les acquérir, soit les rassembler autour de soi. Si cet individu échoue, on dira qu’il avait des utopies. C’est simple et cruel.

Ainsi, le simple individu est fragile mais quand « l’idée » dépasse l’individu et devient collective, la simple fourmi devient fourmilière. Je vous invite à lire Les Fourmis de Bernard Werber qui « décale » notre vision tout en s’appuyant sur des données scientifiques. C’est notre angle de vision qui rend une idée utopique ou non. En son temps, Einstein, en présentant sa fameuse équation de la relativité restreinte, avait la pensée de croire que le monde pouvait être mis en équation dans ses grandes lignes… Utopie à l’époque. Reconnaissance scientifique ensuite. On pourrait ensuite discourir sur la théorie des cordes, la constante de l’univers … qui sont à la croisée des énigmes et des utopies pour la majorité des humains. Seule une infime quantité d’hommes en effet sont capables de comprendre les théories les plus avancées … Vérité pour les uns, atteinte des limites ou utopie pour les autres. L’utopie est somme toute relative.

Ainsi, le simple individu doit « rentrer dans des cases existantes » pour qu’il puisse mener ses projets « décalés » c'est-à-dire « innovants ». En fait de nouvelles cases seront créés mais elles ne seront pas visibles tout de suite. Pour les uns, ce sera un jeu de ballet, pour d’autres un jeu de cirque, pour d’autres enfin un jeu de théâtre. Redondance ? L’explosion de la bulle internet de 2000/2001 ou l’éclatement de la bulle immobilo-financière de septembre 2008 amène également à effectuer un parallèle avec Marivaux qui nous interpelle sur le plan de « l’Etre et le Paraître’. Illusion, Manipulation, Croyance et Utopie amène un grand nombre d’acteurs financiers ou économiques à d’avantage de discernement. L’être même s’avère proche du paraître de l’utopie. Il faut en effet garder raison et être prudent.

A titre illustratif, une des grandes difficultés dans notre pays, renforcé par un climat économique et environnemental des plus incertains [« Les principaux facteurs déclencheurs de la crise se sont aggravés depuis »] , consiste à faire émerger des TPE (moins de 10 salariés)/PMEs (de 10 à 49 salariés et d’une part et de 50 à 249 salariés) innovantes ou en phase pré-industrielle au stade d’ETI (société ayant plus de 250 personnes).

C’est cette puissance innovante transformée en industrialisation qui fera la richesse de notre pays demain car elle est souple et adaptable. C’est elle qui résorbera le chômage. Je crois qu’en 2010, ce thème sera dans les prochaines semaines et mois un des chantiers de Mme Christine Lagarde et du gouvernement en général. Il faut absolument que notre système économique se rapproche, à la française, du modèle allemand à forte proportion de petites et moyennes entreprises réalisant presque le tiers de leur richesse nationale.

Restera une barrière à faire sauter pour les TPE/PMEs qui est une spécificité française : « associer obligatoirement un euro de fonds propres à un euro d’emprunt ou un euro de financement public ». Si des « garanties » représentant plusieurs fois les montants empruntés sont fournies, les banques doivent jouer leur rôle économique fondamental de prêteur, en particulier pour l’investissement. »

Ce sujet est d’autant plus épineux pour les TPEs/PMEs dans leurs relations avec le monde financier si elles conçoivent et vendent des biens et services immatériels. Ce point fut entre autre confirmé hier soir lors de la partie question/réponse suite à l’intervention de M. Nicolas Arpagian, auditeur INHES et IHEDN durant son intervention sur la Cyberguerre – La guerre numérique a commencé .

J’espère que ce thème « fonds propres et garanties pour les TPE/PME » sera bien abordé aux prochaines réunions entre la fédération bancaire et les pouvoir publics.

En conclusion, par rapport à mes vœux de l’année dernière, 2009, nous avons vraiment changé d’ère à la suite de cette crise financière et nous ne pouvons pas compter sur la seule erre [inertie] des choses ! Il faut remettre en marche le moteur des TPEs/PMEs qui pèsent entre 90,8% et 99,2% du poids d’une économie régionale ! Le seul « 1 million » de personnes arrivant en fin de droit est un signal d’alarme fort.

Je vous souhaite pour 2010 en lisant ces lignes les vœux de l’engagement contributif à un changement d’air.